Roger Tibbart - Souffleur de vers

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

85 E

"Allo Nabilla ?!..."
J’ai perdu ton zéro six
Depuis que t’es plus là
Ma vie sent le Pastis ©

Tout l’appart
Est un désordre
Des patates
Viennent me mordre

L’herbe que je fume
Coûte de la tune
Mes yeux rouge carmin
Font peur aux voisins

Ton petit toutou
Pisse un peu partout
La moquette est jaune
ça me met en rogne

J’ai gardé ton shampoing
Tu sais, celui au jasmin
"Aller, Nabilla, Reviens ! "…
Ici, ça va pas bien…

Roger Tibbart ©

Mon poêle aboie

L'autre nuit
Il faisait froid
Vers les minuit
J'ai mis du bois

Dans mon poêle en fonte,
Et rendez-vous compte
A peine allumé
Il a aboyé

Je dis à ma femme
Entre deux grosses flammes
"Où est notre clébard ?!
J'lai pas vu ce soir…"

Puis une drôle d'odeur
Empeste le salon
Comme un hamburger
Mais sans les oignons

Lendemain matin
J'appelle mon chien
Porté disparu
Toute la maison pue

Roger TIBBART ©

Le pote de Nevers

Mon ami bourguignon
A beaucoup de pognon
Il mène la vie d’château
Dans une famille catho

Marie-Chantal sa mère
Parle toujours en vers
Elle vouvoie même le chien
Un très vieux dalmatien

Quand Charles Édouard me dit
"Allons boire un brandy
Dans le petit salon…"
Je me sens un peu con

Devant les tapisseries
Où ses lointains aïeuls
Cachent leurs dents pourries
En tirant une gueule

Quand il me raccompagne
Regardant la campagne
Il cite du Baudelaire
Mon pote de Nevers

Roger TIBBART ©

Hard discount

Caissière de chez LIDL
Souvent tu tires la gueule
Le soleil des néons
Te tapes sur le citron

Les copines sont jalouses
Tu portes une jolie blouse
Trimant comme une malade
A trier les salades

La clientèle affable
Arrive aux heures de pointe
Avec une tronche aimable
Et les pommettes qui suintent

Une grosse vache paye par chèque
Pour du saucisson sec
Il faut attendre deux plombes
Que s'en aille la blonde

Le patron constipé
A explosé son chiffre
De ta petite santé
Je crois bien qu'il s'en fiche

Roger Tibbart ©

Pétasse d'Alsace

Pétasse d’Alsace
Tu te trémousses
Pétasse d’Alsace
En talons mousse

Dans la salle des fêtes
Maman est inquiète
Madame de Fontenay
A mis son bonnet

Les jugent délibèrent
Et font des manières
Le verdict tombe
Pour la jolie blonde

Elle porte une écharpe
De première Dauphine
Un sourire s’échappe
Deux larmes dégoulinent

Roger TIBBART ©

Traversée des nuages

Deux écharpes blanches
Dansent dans le vent
C’était un dimanche
Au soleil levant

Un très beau voyage
Parmi les nuages
A bord d’un avion
Sans destination

Le moteur vibre
Et nos cœurs libres
Dans ce ciel immense
Goûtent cette chance

Nous parlons par gestes
Serrant notre veste
Entièrement de cuir
Que le vent respire

Pour le dernier vol
Nous rasons le sol
Au-dessus des blés
A peine troublés

Roger TIBBART ©